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Comment pratiquer la communication non violente avec son ado ?

Rédigé par Mathilde Mironi | 17 janv. 2022 05:41:13

Marre de crier sur votre ado ? Comme je vous comprends ! Crier c’est épuisant, et puis finalement ça ne fait qu’alimenter un cercle vicieux et fragiliser la relation. Je vous propose donc d’essayer un nouveau mode de communication proposé par Marshall B. Rosenberg, un psychologue américain.

Notre ami Marshall a créé une méthode basée sur l’empathie, la coopération et le respect de soi et des autres. Oui, rien que ça ! Il s’agit de la communication non violente (CNV). Vous ne connaissez pas ? Suivez le guide !

Quelles sont les bases de la communication non violente ?

Nous réagissons toujours à une situation en fonction de notre perception de celle-ci et de nos émotions. Bien souvent, nous ne prenons pas le temps d’analyser ce qui se passe et nos réactions automatiques nous amènent... Au conflit !

C’est pourquoi il est intéressant d’apprendre à garder notre calme quand la moutarde commence à nous monter au nez et pour cela, il faut avoir tout simplement prendre conscience de nos émotions.

La communication non violente s’appuie avant tout sur la compréhension de soi et de son ado (cf article Mieux comprendre l’adolescence). Quand on refuse de se connecter à soi, on se déconnecte aussi de l’autre et de ce qu’il peut ressentir. C’est comme ça qu’on finit par perdre le lien. Quel dommage ! Il est donc fondamental de privilégier la présence, l’écoute et l’attention.

Un petit exercice simple fonctionne plutôt bien pour moi : quand la tension commence à monter, je me concentre sur mes sensations physiques. Je sens ma mâchoire qui se crispe, mes joues qui rougissent, mes muscles qui se tendent… J’essaye alors de prendre un peu de recul pour me calmer. Je prends une grande inspiration et je bloque 4 secondes l’air dans mes poumons avant de relâcher lentement en expirant par la bouche, comme si je soufflais dans une paille. Si je ne me sens pas mieux, je recommence.

Une fois que je suis connectée à mes ressentis, je peux communiquer de manière constructive.

Comment la mettre en pratique ?

Bon, maintenant que vous avez compris la théorie, place à la pratique ! Marshall B. Rosenberg a imaginé la CNV en 4 étapes.

La première étape est l’observation. Portez votre attention sur la situation en vous appuyant sur des faits précis, sans l’évaluer. Par exemple, au lieu de dire “tu ne fais jamais tes lessives” dites plutôt “je vois que ton panier à linge est rempli”.

La deuxième étape est celle du ressenti engendré par les circonstances. Votre perception de la situation vous est propre, il faut savoir mettre des mots sur ce que cela provoque chez vous comme émotions. Il est fort possible que votre ado ne ressente pas les mêmes choses que vous à cet instant précis. Vos ressentis ne sont pas forcément évidents à comprendre pour votre entourage, c’est pourquoi il faut apprendre à les verbaliser.

La troisième étape consiste à énoncer un besoin insatisfait. Nous avons tous des besoins. Le fait de montrer vos besoins et votre vulnérabilité éveille l’empathie ce qui engendre une relation respectueuse et apaisée. C’est pas beau ça ? Imaginez la réaction de votre enfant si vous lui dites simplement que vous avez besoin de vivre dans une maison rangée pour vous sentir bien. Croyez-vous que cela déclenchera de l’agressivité chez lui ?

Enfin, la dernière Ă©tape consiste Ă  formuler une demande. Ă€ la suite des 3 Ă©tapes prĂ©cĂ©dentes, vous pouvez exprimer une demande claire et positive Ă  votre adolescent. Dites plutĂ´t ce que vous voulez et pas ce que vous ne voulez pas. Assurez-vous que votre ado a bien compris le message. Attention, il s’agit bien d’une demande, pas d’une exigence !

Un exemple concret de communication non violente

Imaginez la scène : nous sommes au mois de mai, la pĂ©riode du baccalaurĂ©at arrive Ă  grands pas. Vous rentrez chez vous après une longue journĂ©e de boulot et lĂ , qu’est-ce que vous voyez Ă©chouĂ© sur votre canapĂ© ? Votre ado qui joue Ă  la console au lieu de rĂ©viser ses maths. Ni une ni deux, vous hurlez « Je commence Ă  en avoir ras le bol de ton comportement ! Tu ne fous rien, c’est sĂ»r, tu n’auras jamais ton bac ! ». Alors lĂ , vous ĂŞtes d’accord, il est peu probable que votre ado se jette sur ses cahiers et se mettent Ă  bosser jusqu’au petit matin. Au lieu de ça, il va certainement se vexer et s’enfermer dans sa chambre. La communication sera rompue entre vous et vous vous retrouverez seule devant votre gratin de gnocchis ce soir.

Reprenons la même situation. Face à votre ado affalé dans le canapé, vous pourriez essayer de dire : « Quand je te vois travailler une demi-heure par jour (observation), je me sens inquiète, j’ai peur que tu ne réussisses pas ton bac (ressenti). J’ai besoin d’être rassurée (besoin), je voudrais donc que tu travailles plus (demande). Deux heures de révision par jour, ça te paraît raisonnable non ? ». Ce type de rapport vous semble plus constructif, pas vrai ? Il y a de fortes chances que cette fois-ci votre ado soit beaucoup plus ouvert à la discussion et beaucoup plus coopératif.

Croyez-moi, cette astuce vous aidera à survivre à la crise d’adolescence de votre enfant (cf article 6 conseils pour survivre à la crise d’adolescence) et vous évitera de nombreux conflits. N’oubliez pas : donnez autant que vous aimeriez recevoir et essayez de mettre toute votre énergie pour favoriser l’écoute et le respect de votre enfant.

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