Le sexisme ordinaire - ou le sexisme en apparence anodin, c'est l'ensemble des attitudes, propos et comportements fondés sur des stéréotypes de sexe, et qui ont pour objet ou pour effet, de façon consciente ou inconsciente, de délégitimer et d’inférioriser les femmes, de façon insidieuse voire bienveillante. Ma Bonne Fée vous explique tout !
Qu’il soit clairement explicite ou qu'il se cache sous des remarques bienveillantes, le sexisme peut prendre des formes très diverses. Et bien qu'on en parle souvent pour défendre la cause féminine, les hommes aussi peuvent eux aussi, en être victimes. Le sexisme est parfois tellement intégré dans la culture de l’entreprise et le quotidien qu’il est difficile à reconnaître - d'où le terme de sexisme ordinaire.
Voici des exemples de petites réflexions typiques du sexisme ordinaire, qui vous mettront la puce à l’oreille.
Un vocabulaire qui, à première vue, semble bienveillant et anodin mais qui contribue à l’infantilisation et la dévalorisation des femmes dans l’organisation. Près d'une femme sur deux vont jusqu’à qualifier ces réflexions d’inappropriées. Un langage qu’on retrouve d’ailleurs rarement appliqué aux hommes : vous avez déjà entendu un “coucou mon puceron” ? Cette familiarité imposée et surtout unilatérale, démontre une forme de domination, bien souvent utilisée de façon inconsciente, qui enchaîne les femmes dans une relation de travail inégale.
La riposte préférée du collègue qui réalise que sa plaisanterie génère malaise ou agacement. Rarement originales et souvent médiocres, ces petites réflexions anodines jouent un rôle considérable dans la contagion des stéréotypes sexistes. La psychologie sociale nous apprend d’ailleurs que l’humour donne une forme de stratégie d'évitement à l'interlocuteur.
Les réflexions liées aux charges familiales sont largement répandues en entreprise, plus d'une femme sur 4 a déjà entendu ces remarques négatives sur la maternité ou le temps partiel. Des jugements à répétition qui les culpabilisent et les amènent à choisir des postes dans lesquels il est “acceptable” de gérer les contraintes familiales, plutôt qu’un travail qui correspond réellement à leurs compétences et leurs aspirations.
Jackpot, cette réflexion insulte les hommes et les femmes à la fois ! Le principe ? Chacun devrait se conformer aux stéréotypes de sexe. Pour les femmes : le porte-crayon rose, les escarpins à talons, de la douceur et de la compréhension. C’est un sexisme très pervers qui conduit des femmes compétentes et ambitieuses à choisir entre se faire aimer et se faire respecter. Pour les hommes : la grosse voiture dans le parking, la démarche virile et surtout l'autorité et le leadership. Attention à ne pas sortir des clous !
Ces remarques humiliantes atteignent les femmes dans leur intimité et résument leurs réactions à de simples conséquences hormonales. Réduire leur temps de parole, ne pas prendre en compte leurs opinions ou limiter leur jugement à des composants stéréotypés ont des conséquences visibles sur la confiance en soi et l’affirmation dans la sphère professionnelle.
Sous le coup de la surprise ou simplement par lassitude, on soupire, on lance un regard réprobateur ou on se mure dans le silence. Alors, comment répondre au sexisme ordinaire ?
L'employeur a le devoir de protéger chaque salarié, homme ou femme, et de mettre en place une politique adaptée pour lutter contre ces comportements. Les délégués du personnels, le CSE, le CHSCT ou encore la médecine du travail sont aussi des personnes vers qui vous pouvez vous tourner.
Toutefois au delà de ces actions de fond, quelques remarques en direct-live peuvent vous aider à faire prendre conscience à votre interlocuteur de sa réflexion sexiste (qu'elle soit inconsciente ou non).
Par exemple, un simple «Je n’ai pas compris ta blague, tu peux m’expliquer ? » permet de désamorcer directement et sans agressivité l’humour inapproprié. D’autant plus que cela le rendra très mal à l'aise de devoir expliquer sa petite blague.
Poussez votre collègue ou supérieur à s’expliquer, cela le conduira à réaliser la maladresse ou l’absurdité de sa réflexion. Par exemple en disant : « Je suis surpris(e) par ta remarque. Est-ce que tu veux dire que - parce que je suis un homme/une femme - je devrais…? »
N’hésitez pas à répondre à un « Comment ça va cocotte ? » par un « Très bien, et toi mon beau poulet ? », notamment si votre proximité hiérarchique le permet. Vous verrez, votre collègue sera surpris et cela le poussera à y réfléchir à deux fois avant de vous donner à nouveau des surnoms.
Le site 365Raiponce permet aux visiteurs de recenser toutes les remarques sexistes qu’ils entendent au quotidien et surtout, de proposer et de trouver des réponses adaptées, telles que : « Ah, mais en plus elle parle ? » > « Jamais pour ne rien dire, c’est pourquoi on m’entend moins que vous. ». N'hésitez pas à y piocher un peu d'inspiration pour répondre à la prochaine réflexion de votre collègue particulièrement lourd.
Autre possibilité : organiser une distribution du “kit contre le sexisme au travail” créé par le CSEP (Conseil Supérieur de l’Égalité Professionnelle entre les femmes et les hommes). Celui-ci propose des documents et des actions concrètes pour aider votre employeur à mettre en place une politique appropriée.
La loi Rebsamen du 17 août 2015 condamne finalement les comportements et propos sexistes au travail : « Nul ne doit subir d’agissement sexiste, défini comme tout agissement lié au sexe d’une personne, ayant pour objet ou pour effet de porter atteinte à sa dignité ou de créer un environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant ».
Rappel : L’employeur est dans l’obligation de mettre en place des actions de prévention des risques professionnels pouvant affecter la sécurité et la santé des salariés. Les agissements sexistes - à savoir, liés au sexe d’une personne et ayant pour objet ou pour effet de porter atteinte à sa dignité ou de créer un environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant - en font justement partie. Autrement, il s’expose à être reconnu civilement responsable de tous les agissements sexistes commis dans son entreprise.
Mais au final, que risquent donc ceux qui s’essaient au sexisme ? Si une discrimination fondée sur le sexe est avérée, celle-ci est punie par 3 à 10 ans d’emprisonnement et 45 000 à 75 000 euros d’amende. Alors, toujours d'accord avec "ces petites blagues" ?
Le site web du Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh) propose de nombreux articles et rapports sur le sexisme : https://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/
Le blog "Les Glorieuses" est une newsletter et une plateforme en ligne qui aborde régulièrement des questions de sexisme et d'égalité femmes-hommes : https://lesglorieuses.fr/
Le site "Osez le féminisme !" propose des articles et des analyses sur le sexisme et les inégalités de genre : https://www.osezlefeminisme.fr/
L'association "Ni putes ni soumises" se mobilise contre toutes les formes de sexisme et de violence faite aux femmes : https://www.niputesnisoumises.com/
La chaîne YouTube "Les Internettes" propose des vidéos et des interviews sur les questions de genre, d'égalité et de sexisme : https://www.youtube.com/channel/UCWxdEnfc1fCQJvT9Z23S8Zw