« Avec la force de frappe d’une multinationale, l’impact pouvait être beaucoup plus fort » Sophie Menez, intrapreneure chez Norauto.
Sophie Menez est salariée de Norauto. En 2017, elle a créé au sein du groupe un programme solidaire inspiré du concept de garage solidaire, Mana Ara, devenant ainsi une « intrapreneure » au sein de la structure. Elle a ensuite créé « Norauto for Change » pour permettre à d’autres salariés de suivre ce chemin et de porter un projet à impact environnemental et social en interne. Elle est aussi animatrice/formatrice de Ticket for Change, une école nouvelle génération pour acteurs du changementSophie nous a raconté son expérience de l’intrapreneuriat.
Pouvez-vous nous expliquer le concept de Mana Ara ?
J’ai mis en place Mana Ara il y a quatre ans afin d’aider les personnes en difficulté financière sur l’entretien et la réparation de leur voiture. C’est l’un des premiers facteurs d’employabilité : quand on est mobile, c’est plus facile de trouver un travail. Surtout pour des travailleurs précaires, qui travaillent en horaires décalés ou dans des endroits pas forcément desservis par les transports en commun, comme les métiers du service à la personne. L’objectif était d’aider ces personnes à être plus sereines et à ne pas avoir peur que la voiture ne démarre pas le matin. L’idée a été testée dans un incubateur de start-ups du groupe avant d’être intégrée dans l’entreprise. Puis, petit à petit, ça s’est développé. Aujourd’hui, on est présent dans toutes les succursales Norauto France et dans quelques franchises. On continue ce développement. Depuis très peu de temps, c’est le collaborateur que j’avais intégré dans le projet qui a repris, et le projet vit maintenant sans moi. (Aujourd’hui, Sophie accompagne les équipes à la conduite du changement au sein de Norauto - ndlr). Plus de 2000 personnes sont passées par le programme Mana Ara.
Qu’est-ce qui vous a poussée à mettre en place ce projet à impact au sein de votre entreprise ?
Ça part d’une quête de sens dans mon travail. J’étais bien dans mon poste, en contrôle de gestion. Puis, au fil des années le sens est devenu moins présent. Lors de mon retour au travail après ma première fille il y a 10 ans, j’ai eu l’impression que mes fichiers Excel n’avaient pas beaucoup de sens et n’étaient pas en lien avec mes convictions personnelles. Je suis intéressée par l’écologie et l’humain et je trouvais que mon travail n’apportait pas de réponse concrète à ces enjeux. C’était quelque chose qui me travaillait. Après mon deuxième enfant, ça m’a paru impossible de continuer à faire ce que je faisais. J’ai découvert Ticket for Change à ce moment-là. Je me suis dit pourquoi ne pas me lancer dans l’entreprenariat social et j’ai commencé le MOOC Ticket for Change (des cours en ligne pour devenir entrepreneur social – ndlr). On y parlait d’intrapreneuriat social, ce qui faisait le lien avec une conférence qui avait eu lieu chez Norauto sur le sujet. Je me suis dit « quitte à partir autant que je tente de proposer quelque chose en interne », parce que ce qui m’importe c’est l’impact que mon projet va avoir sur les gens et la planète. Avec la force de frappe d’une multinationale, forcément l’impact pouvait être beaucoup plus fort. Je suis allée proposer l’idée à mes dirigeants et elle a été super bien accueillie. Je n’avais au départ pas d’idée préconçue parce que je voulais que ce soit co-construit, je voulais que ça réponde à un enjeu pour l’entreprise et pour la société au sens large.
Vous avez par la suite créé « Norauto for Change », pouvez-vous nous en dire plus ?
D’un point de vue développement durable, on sentait qu’il y avait besoin que les salariés s’impliquent et créent des choses. On a voulu permettre à ceux qui en avaient envie de monter des projets d’impact et d’utiliser la méthode que j’avais utilisée pour Mana Ara. On a développé « Norauto for Change », qui est resté petit, mais qui nous a permis de tester des méthodes et des projets.
Quel conseil donneriez-vous à une personne qui souhaiterait se lancer dans l’intrapreneuriat ?
Le premier conseil est d’oser s’écouter et d’oser parler de son idée. Ce n’est pas forcément la chose la plus évidente en entreprise, mais une idée ne peut être bonne que si elle est partagée ! Une fois que l’on a osé en parler, l’univers commence à travailler pour nous, il faut saisir les opportunités. Il faut avoir aussi beaucoup de résilience, parce que ce n’est pas toujours évident. Et savoir être à l’écoute de ce qui se passe dans l’entreprise, s’adapter, mais ne jamais perdre ses convictions.
Envie d’en savoir plus sur ce sujet ?
https://www.forbes.com/sites/theyec/2021/11/11/an-alternate-career-path-to-successful-entrepreneurship/?sh=35da63d54207 (en anglais)
ou
https://www.maddyness.com/2019/07/01/collaborateurs-intrapreneurs/ (en français)